Johnny en concert.

Au programme

L'Olympia 1964.

- 6 février - 15 mars 1964 -

L'Olympia 64, on pourrait penser que c'est le spectacle de la fin de l'apprentissage, le show de la dispersion des copains, de l'enterrement de l'enfance, et puis, plus rien, le grand trou noir, seize mois de service militaire. Autant dire un grand nulle part sombre qui vient obscurcir l'avenir, en cette période où sans un nouveau succès tous les deux mois, vous êtes catalogué has been. On sait dans quel état d'esprit se trouve Johnny en ce printemps 1964. Pour lui, cet Olympia sera l'achèvement d'un beau rêve : l'arrachement à la rue, la vie d'idole, quatre ans exceptionnels et, maintenant, les marches de l'oubli ? Les journalistes, lui posent la même question. La question de la carrière brisée, parce que c'est un bon sujet pour vendre du papier et puis aussi parce que c'est le secret espoir des croulants : voir disparaître cet oiseau de mauvais augure.

Et bien non ! L'Olympia 64 ce sera un show sans calcul, mais pas sans mise en scène. Un retour à l'ère tribale du rock'n'roll, le premier acte posé par un jeune chanteur à qui on va interdire d'exercer son métier et qui, du coup, décide de ne plus entendre raison et de laisser libre cours à son instinct. Adieu "Tendres années", au revoir bluettes couleur "Da dou ron ron". Le nouveau Johnny tourne le dos aux compromissions du hit-parade, risque le tout pour le tout et crache un blues dissonant : "Excuse-moi partenaire". Quelque chose que les petits teenagers auront du mal à décrypter : quel est ce cri ? Qui est ce partenaire ? Est-ce le blues qu'on assassine ?

En janvier 1963, Johnny prend la décision de modifier le line up de ses Golden Stars. Exit la section rythmique. Johnny  s'adjuge le renfort du batteur Bobbie Clarke, le drummer aux deux fûts repéré chez Vince Taylor. En novembre 1963, Johnny repère Greco dans une salle enfumée de New York. En décembre, Greco est à pied d'oeuvre à Paris. La saga Olympia 64
proprement dite est sur les rails. Joey et les Showmen est un groupe en équilibre instable, fondé sur la rivalité, la compétition, les coups de gueule, les bordées, la fracture entre Français et Anglo-saxons. C'est un authentique rock'n'roll band. Janvier 1964 est surtout consacré à faire travailler tous ces garçons ensemble. Il n'y a pas grand-chose de commun, en effet entre le sombre Jean Tosan, l'énigmatique Di Pietro, l'imprévisible Woodman-Clarke, l'impulsif Joey Greco... Joey et les Showmen est un groupe infernal...

L'Olympia 64 attaque officiellement le jeudi 6 février. Après la traditionnelle première partie, le rideau s'ouvre sur les Showmen au grand complet. Derrière un voile transparent, se tient le grand orchestre dirigé par Jacques Denjean. Lee Hallyday fait irruption et introduit le show à la manière de ces "aboyeurs rhythm'n'blues" du théâtre Apollo de New York. "Accompagné par (...) Bruno Coquatrix a le plaisir de vous "présenteyyy"... JOHNNY... HALLYDAY"... Il est clair que ce show, qui se promène de rock en blues et de jazz en gospel, ne peut pas être compris par tout le monde. En un mot, il fait peur. Et il fait refluer vers la sortie les vénérables invités du premier rang, aussitôt remplacés par une bande de fans surexcités qui marquent la mesure le poing levé au-dessus de la tête, debout sur les sièges, pendant que le reste de la foule se rue dans les travées en hurlant : "assis, assis"... Une dame entraîne dans son sillage une jeune fille, "Ce n'est pas un spectacle pour mon enfant. Je suis prudente et avisée."... Apparition du commissaire de police, venu prendre la température... Un garçon du métier sort, outré. "II faut chauffer une salle, mais pas au point de rendre les gens idiots."... Un boucher de La Villette : "Ce n'est plus de la chanson, ce sont des rugissements." Etc..., etc... Il est vrai que sur scène, entre la sono poussée exceptionnellement fort pour l'époque, les bonds de Johnny, les grands écarts de Joey et le mitraillage de Bobbie, ça déménage vraiment...

Il a interprété :

Présentation
Oh ! cette nuit
Les guitares jouent
Quand je l'ai vue devant moi
Pas cette Chanson
J'abandonne mes amours
Rien que huit jours
Je t'écris souvent
Tu n'as rien de tout ça
Je ne veux plus te blesser
C'est fini Miss Molly
Excuse moi partenaire
Memphis ( Joey et les Showmen)
Pour moi la vie va commencer
Ma guitare
Da dou ron ron
I got a woman
Shout
Présentation des musiciens
Shout (reprise)
Tutti Frutti


Ils l'ont accompagné :

Joey and the showmen avec :
Guitare solo : Joey Greco
Guitare rythmique : Claude-Robbins-Djaoui
Basse : Ralph Di Pietro
Batterie : Bobbie Clarke
Piano électrique et orgue : Marc Hemmler
Saxophones ténor et baryton : Jean Tosan
Trompette : Yvan Julien

Choristes :
Les choeurs féminins de l'orchestre de l'Olympia
Les Lionceaux :
Alain Hattat
Michel Taymont
Gérard Fournier
Michel Mathieu

Avec le grand orchestre de Daniel Janin sous la direction de Jacques Denjean.

 

Le soir de la dernière : "Pendant ces six semaines d'Olympia, vous avez été un public formidable. (...) J'espère que mon service militaire ne sera pas trop long et que je pourrai vite vous retrouver. Au revoir. Merci. Et à bientôt." Puis il retrouve ses musiciens dans les loges : "On y retourne". Sous une moisson de projecteurs rouges et bleus, le revoilà. Il a repris le costume "jean" avec lequel il est arrivé, en début d'après-midi. C'est un dernier rock'n'roll qu'il envoie...

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